lundi 4 février 2013

La tour d'y voir


Je!

Je suis Morrigun
Rwu’n Morrigun

Ce furent mes premiers mots de westron prononcés presque correctement.

Je!

Je suis dans cette tour.
Suis je libre?
Je n’ai pas d’entraves, mais la porte est close.
Il n’y a de barreau au fenestron, mais la hauteur, elle même, est un barreau qui me retient.

De mon perchoir je vois l’Isengard, ce qu’il en reste.
Les fumerolles, les vapeurs et l’odeur qui montent de la plaine béante, me rappellent les odeurs de ma forge.
On brule du bois encore humide, on dresse des machines de siège avec un bois séché à grande hâte. Tout l’Isengard n’est plus qu’industrie de mort! Parfois le vent me porte le claquement d’un fouet, un râle d’agonie ou une clameur inhumaine.
La vallée était si belle autrefois.
Pourquoi suis je dans cette tour?
Je ne représente rien de valeur, pas même une monnaie d’échange.

Ce Carannog est fou! Fou d’amour depuis des années...
Suis je un bon parti? Je ne suis qu’une fille de forgeron.
Peut être est cela? Le forgeron est respecté chez nous.

Quelle folie: l’Isengard!
Que fait il ici, lui notre barde. Pourquoi m’a t'il amené dans les griffes du Magicien Blanc?

Morrigun reposa la plume et s’essuya les mains couvertes de taches d’encre grasse. Elle regarda l’air peu convaincue le torchon de parchemin qu’elle venait de gribouiller. Elle stoppa net la relecture prise d’un mal de mer en parcourant les lignes ondulantes de son écriture malhabile.

Brusquement on frappa a la porte et elle entendit le verrou grincer et cliqueter alors qu’on ouvrait la porte. 

“Morrigun?”

“Non, je suis Galadriel!”

Morrigun tournait le dos a la porte, jetant un regard au fenestron dans lequel son arrière train serait sans doute resté coincé si l’idée de passer a travers avait germé dans sa tête.
Malgré son absence, elle n’avait pas eut de mal a reconnaitre la voix de Carannog.

“Qui crois tu avoir enfermé?”

Carannog posa ses mains sur les épaules de Morrigun et respira l’odeur de ses cheveux.

“Tu as trouvé ton bonheur, dans les coffres pour te vêtir...

Et cette eau parfumé te convient a ravir...

Ma douce.”

Morrigun se dégagea de l’emprise du barde pour lui faire face. Pas une once de colère ne venait déformer les traits de son visage. Elle plongea ses yeux glaz dans ceux de Carannog et lui sourit.

“C’est impossible, mon ami. 

Tu le sais?

Je ne t’ai jamais aimé que comme un ami. 

Tu le sais?

Combien de temps avons nous passé ensemble a jouer de la musique?”

Carannog soupira et s'apprêtant a répondre fut coupé par sa captive.

“Ne crois tu pas que j’aurai déjà avoué mes sentiments pour toi dans ce cas?”

Carannog se renfrogna:

“Le dunedain ne viendra pas te chercher ici. 

Tu le sais.!?

Personne ne ressort de l’Isengard!

Tu... Es... A... Moi!

Maintenant”

Carannog laissa planer le silence affichant un large sourire.

Morrigun serra les poings et jetant un regard à travers le fenestron:

“Un hutrach un maru!”

“Si tu le veux, alors j’ai ceci pour toi.” 
Ce faisant Carannog déposa, sur la table de la chambre avec vue, une petite fiole aux reflets jaunâtres.

“Tu vois j’ai même pensé a te faire venir un bodhran du pays, si le coeur te dit de jouer un peu avec moi.”

Morrigun attrapa le bodhran et le fit valser dans le feu.

“Hors de ma vue, Carannog!”

Le barde referma prestement la porte derrière lui et murmura à la porte.

“Soit jolie et avenante ce soir, car tu auras la visite d’un homme prestigieux

Tu ne voudrais pas que notre visiteur ait une mauvaise opinion des femmes de dunadan?

Enfin... Feu, femme de dunedain...”

Morrigun entendit rire Carannog alors qu’il descendait les marches.

Morrigun prit la fiole dans sa main et regarda le contenu puis décapuchonna le récipient. Une odeur infecte vient lui irriter les narines.

“Et bien, ce n’est pas la mort douce!”

Elle referma la fiole et la posa bien en évidence sur le linteau de la cheminée.

A cette heure tardive, Morrigun pouvait apercevoir la gigantesque ombre de la tour principale d’orthanc inonder la bâtisse ou elle devait être. 

“Maudit Carannog! Qui t’as lavé le cerveau a ce point pour faire le jeu de l’ennemi?

Moi, moi. Cet imbécile le fait pour moi!?

Ou est donc l’âge tendre qui nous voyait danser et chanter?

Maudite tête de bois, Carannog!”

Morrigun accompagna sa pensée d’un coup de poing sur la table, elle aussi de bois.

Carannog l’avait trainé du village jusqu’en Isengard. Morrigun l’avait suivi par curiosité dans un premier temps. Carannog était tellement excité a l’idée de lui montrer quelquechose. Les premiers pas l’avaient rassuré car ils avaient emprunté la petite sente qui menait a la pierre levée de son premier époux. Mais la suite n’avait été qu’un traquenard grossier et facile, tant Morrigun avait confiance en ce coeur, certes épris d’elle mais qu’elle croyait inoffensif.
Il avait été facile ensuite d’amener Morrigun loin du village en Isengard, sous bonne garde et dans un relatif confort.

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